POV Tom
Connaissez-vous cette impression que le monde entier vous est étranger ? Nous qui avons visité plus d'une vingtaine de pays, rencontré tellement, tellement de gens...
Des frissons parcourent ma peau, c'est si loin tout ca. Je donnerais ma vie pour pouvoir revoir le sourire qu'il affichait a ce moment la. Le Bill qui est heureux parce qu'on visite quelque chose de nouveau, le Bill qui est énervé parce que rien ne va comme lui le voulait, le Bill qui sentait ses nerfs craquer quand il se sentait trahit...
J'entends son rire lorsque j'entre dans sa chambre. Je regarde les murs distraitement, mais il est partout. Pas que dans cette pièce, il me hante a l'intérieur de moi depuis notre accident.
Je me laisse tomber sur son lit, je peux encore sentir son parfum, celui que je respirais lorsqu'il me prenait dans ses bras quand il jouait au grand frère. Ironie du sort, c'est moi qui suis né dix minutes avant lui.
Bill, je t'aime, je te hais.
Tout se mélange dans ma tête, j'ai l'impression de ne plus me reconnaitre, de ne plus être a ma place. J'ai tellement besoin de toi et tu n'es pas la.
Je relève la manche de mon pull, toutes ces cicatrices qui ne guériront peut-être pas, toutes ces traces de sang séché de tout a l'heure, ne doivent pas disparaitre. C'est la preuve de ma culpabilité qui se grave doucement en moi. Si on ne s'était pas disputé ce soir la, tu serais la, a coté de moi. Tu serais venu dans ma chambre juste au moment où tu m'aurais entendu jouer quelques accords. Moi, j'aurais râlé en te demandant de me laisser seul quand je compose, puis tu m'aurais regardé avec ce sourire auquel je ne peux rien refuser.
- « Ne me laisse pas seul Bill... » murmurais-je en traçant lentement une ligne sur mon bras. Je fixe ma peau prendre une couleur rosée. Cette ligne rouge au milieu est semblable a celles que les avions tracent dans le ciel lorsqu'ils y passent. Le ciel et la terre, ils sont inséparables depuis la nuit des temps et se complètent, l'un ne va pas sans l'autre. Comme Bill et moi. Seulement, c'est maintenant que je ressens vraiment la distance qu'il y a entre nous deux, mais dois-je détester le ciel pour être aussi loin, ou le destin qui nous a éloigné l'un de l'autre ?
Je ne sais pas, je ne sais plus. Je suis incapable de réfléchir depuis cet accident. On a jamais été aussi loin de l'autre. Dire que je ne peux même plus venir te voir a l'hôpital, ils m'en empêchent tous. Les médecins et infirmiers, maman, papa...
Je les détestent tous, plus rien ne m'intéresse. Même mes guitares, je les ais enfermées dans le bureau de papa qui ne sert plus, la porte est fermée a double tour et j'ai jeté la clé.
Je ne peux plus jouer sans avoir envie de lancer tout ce qui est près de moi. Je veux tout détruire. Tout ce qui me raccroche a lui doit être brisé. Si j'arrive a me défaire de ces chaines par lesquelles on s'est reliés, peut-être arriverais-je a supporter son absence ? Je ne sais vraiment plus.
Autour de moi, les draps de son lit sont teintés d'un rouge vif. S'il voyait ca, il se mettrait a crier. S'il voyait ca...